Les applications mobiles semblent prometteuses pour assurer un meilleur suivi de notre santé. Cependant, une question se pose de plus en plus : la numérisation de la santé se fera-t-elle sans nous ?

Pour répondre à cette question, la SAW-B a décidé d’organiser une table ronde le 24  mars dernier, en collaboration avec HEC Liège, autour du thème « Quel outil numérique pour quelle démocratie sanitaire ? ». Les intervenants étaient :

  • Violaine Wathelet, chargée de projet SAW-B (Solidarité des alternatives wallonnes et bruxelloises)
  • Christian Legrève, responsable du service éducation permanente à la Fédération des Maisons Médicales bruxelloises)
  • Fadoua Fersi, Partnership Manager en charge du Projet Refugee Aid App
  • Michel Roland, médecin généraliste et Président de Médecins du Monde
  • Lara Vigneron, coordinatrice du WeLL (Wallonia e-health Living Lab)

Qu’est-ce que la démocratie sanitaire ?

La démocratie sanitaire est un concept en réalité très simple : celui de la participation citoyenne aux politiques de santé. Un concept qui se définit d’ailleurs également de manière concise et pragmatique [1]:

« La démocratie sanitaire est une démarche qui vise à associer l’ensemble des acteurs du système de santé dans l’élaboration et la mise en œuvre de la politique de santé, dans un esprit de dialogue et de concertation. »

Mais comment définir ce que sont ces « acteurs du système de santé » ? Dans les années quatre-vingt, on entendait par « acteurs du système de santé » l’ensemble des professions médicales et paramédicales d’une part, et l’administration chargée de la politique de soin d’autre part. Cependant, depuis les années nonante, les usagers ont commencé à revendiquer une place de partenaire parmi ces acteurs, place qu’ils ont fini par obtenir, petit à petit [1].

Bien que, sur le principe, cette participation active des usagers puisse nous sembler évidente, le recul que l’on commence à observer sur la question montre que, dans la pratique, un certain nombre de questions se posent [1].

Pour en savoir plus : [1] Arveiller Jean-Paul, Tizon Philippe, « Démocratie sanitaire, qu’est-ce à dire ? », Pratiques en santé mentale, 2/2016 (62e année), p. 2-2.

La SAW-B, vous connaissez?

La SAW-B, fédération d’économie sociale, rassemble les hommes et les femmes qui construisent une économie centrée sur le respect de l’humain et de l’environnement et non sur le profit. Cette fédération organise régulièrement différentes animations : animations au sein des entreprises sociales et d’économie sociale, journées de rencontres organisées par et pour les travailleurs, ateliers ouverts à tous les citoyens, ciné-débats, conférences et petits-déjeuners sur des thématiques précises (avec l’intervention d’experts et d’acteurs de terrain), etc.

Applications mobiles : quel rôle pour les acteurs en économie sociale?

Bien que les applications mobiles semblent prometteuses pour assurer un meilleur suivi de notre santé, il semble que, dans les faits, leurs promesses sont loin d’être tenues. Peu accessibles aux publics fragilisés, opaques quant à l’utilisation des données collectées, peu ou pas soucieuses de multidisciplinarité … Les faiblesses ne manquent pas.

Cependant, si de nombreuses faiblesses ont été mises en avant, les alternatives semblent également fleurir. En effet, plusieurs acteurs de l’économie sociale innovent et souhaitent impliquer les usagers dans la construction de nouvelles applications orientées santé. Cette rencontre avec les utilisateurs vise, non seulement, à améliorer nos soins de santé et à renouveler notre conception de la participation des travailleurs/usagers, mais également à s’approprier les apports du numérique.

Pour Violaine Wathelet,« la démocratie sanitaire et la place des outils numériques dans notre quotidien font partie des réflexions importantes pour la SAW-B. La table ronde doit donc être vue comme le « kick-off » de cette réflexion au sein de la fédération et de ses partenaires. Une réflexion plus particulière doit être opérée au niveau des données collectées. Le numérique doit rester un outil, mais les acteurs de l’économie sociales ont un rôle à jouer dans le domaine.»
Cette approche co-constructive rejoint l’approche Living Lab : au travers de la co-construction de solutions, qui répondent aux besoins des utilisateurs eux-mêmes, les Living Labs mènent eux aussi une action de démocratie participative avec les utilisateurs et les parties prenantes.

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