Très bientôt, Jonathan Baut et Edouard Carton, co-fondateurs de la start-up Gabi SmartCare, proposeront sur le marché un babyphone nouvelle génération !

Si ce futur petit bijou promet de faire parler de lui, c’est notamment grâce à l’attention toute particulière apportée à l’implication des utilisateurs. Jonathan Baut revient pour nous sur cet aspect spécifique du développement produit.  Un bel exemple de bonne pratique à diffuser largement !

 

A quels besoins votre babyphone intelligent répond-il et à quel public s’adresse-t-il? 

 

Une grande majorité des parents reconnait que la santé d’un premier-né est une source très importante de stress et aurait souhaité être mieux accompagné pendant les 2 premières années de l’enfant. Ce stress n’est pas anodin puisqu’il engendre des admissions aux urgences non-nécessaires (jusqu’à 60% des visites de bébés aux urgences ne nécessitent pas une prise en charge en urgence). C’est une situation que ma femme et moi avons connue à plusieurs reprises.

La solution qu’Edouard et moi développons s’adresse à ces parents ou futurs parents d’un premier enfant qui souhaitent suivre et comprendre au mieux sa santé. Ce produit est constitué, d’une part, d’un bracelet placé sur la cheville de l’enfant et mesurant le rythme cardiaque, la respiration et la température de l’enfant. Et d’autre part, d’une app’ mobile qui va prévenir les parents en temps réel en cas de soucis, détecter les troubles pouvant donner lieu à des problèmes sévères, et leur fournir du contenu informatif et éducatif personnalisé sur la santé de leur bébé (ex: symptôme d’une poussée dentaire, vaccins obligatoires et leurs effets secondaires, comment parer à la période des cauchemars, etc.).


Comment les utilisateurs ont-ils été impliqués au long du développement de votre projet? 

 

Nous avons impliqué les clients finaux dès le début, en commençant par des entretiens en « face à face » d’une trentaine de parents pour identifier leurs besoins précis, leurs craintes et les causes de celles-ci. Nous avons également interviewé une quinzaine de pédiatres pour valider les fonctionnalités que la solution devait inclure afin de répondre aux besoins des parents. Cette exploration nous a permis d’ajouter 2 paramètres supplémentaires importants qui impactent la santé des enfants.

 

Nous avons également créé un groupe privé Facebook auquel nous avons convié tous les parents que nous avions rencontrés ainsi que d’autres parents. Nous avons ainsi rassemblé 65 personnes auprès desquelles nous avons pu tester les différentes idées puis les concepts de produits et recueillir du feedback instantanément.

 

C’est ensuite une démarche itérative qui s’est mise en place entre la validation technique et la validation par l’utilisateur. Nous avons même mis le meilleur produit concurrent dans les mains des parents afin d’analyser leurs réactions lors du déballage de ce produit. Le but était de s’inspirer des points positifs et d’anticiper les points négatifs. Une chance unique d’identifier les valeurs les plus porteuses pour nos futurs utilisateurs.

 

Les parents n’étaient pas les seuls que nous souhaitions impliquer. Notre processus nous a amené à rediscuter avec des professionnels de la santé, notamment des pédiatres, pour rendre l’appareillage encore plus pertinent au regard de la relation entre le médecin et les parents.

 

Quels ont été les avantages d’impliquer les utilisateurs dans votre développement produit ?

 

Nous avons décidé de mettre l’utilisateur au centre de tous nos développements et ce, dès le début, pour être certain que le produit réponde bien aux attentes des utilisateurs finaux. Cela nous a semblé important pour la bonne réussite du projet et ça a également joué un rôle important lors des levées de fonds. Le produit a d’ailleurs fort évolué entre l’idée originale et le produit actuel. Par ailleurs, les tests de communication que nous avons réalisés ont été très peu couteux car nous savions ce qui fonctionnerait ou non grâce à ces interactions avec les utilisateurs finaux.

 

A quels défis avez-vous été confrontés dans vos démarches participatives ? 

 

Le premier, c’est de trouver les personnes qui acceptent de vous consacrer du temps. Nous avons commencé par nos amis les plus proches, qui ont demandé à leurs amis, etc. Ensuite, interviewer des personnes en « face à face » n’est pas toujours évident. Il faut sortir de sa zone de confort. Mais ce qui est important, c’est de bien identifier ce que l’on veut apprendre lors de ces entretiens afin qu’ils soient les plus efficaces possibles. La plus grande difficulté sont les entretiens avec le corps médical qui, en général, est très conservateur en Belgique. Nous avons donc dû travailler sur une manière d’amener le projet pour qu’il ne le voit pas comme un gadget, ou pire une solution qui pourrait les remplacer à terme. Nous désirions les inclure dans le développement de notre solution.

 

A l’avenir, pensez-vous réaliser de nouvelles démarches qui impliqueront vos clients ?

 

A chaque étape, nous retournons vers nos clients pour nous assurer que ce que nous faisons est bien en ligne avec leurs attentes. Pour le moment, une étude UX/UI est en cours avec un panel d’une trentaine d’utilisateurs. Ensuite, les designers industriels iront se confronter aux clients pour valider ou adapter le bracelet et la base pour s’assurer une fois encore que ces outils répondent aux attentes des clients, tant dans le design visuel que dans l’utilisation. Nous poursuivrons sur cette voie jusqu’à ce que le produit soit finalisé.

 

 

Quels conseils donneriez-vous aux entreprises ou aux porteurs de projet e-santé / medtech ?

 

De se confronter à autant de parties-prenantes que possible et aussi tôt que possible. Si les premiers contacts sont parfois négatifs, ils nous apprennent énormément.  Cela permet d’itérer beaucoup plus vite.

Évidemment, il y a aussi la difficulté de trouver le bon équilibre entre développement et bon niveau de feedback pour éviter de perdre son temps. Dans ce contexte, nous pensons qu’un grand nombre de personnes par partie-prenante n’est pas forcément nécessaire. La plupart du temps une tendance dans les feedbacks se confirme dès 20 à 30 feedbacks détaillés. Un échantillon de petite taille rapidement atteint peut dès lors s’avérer très efficace.

 

Plus d’information sur le site web de Gabi SmartCare en cliquant ici