Pour accompagner l’évolution du système de soins, cette MSP située à Manage s’est lancée dans un processus de transformation de ses pratiques en co-création avec les membres du personnel…et les résidents !

Le contexte

 

La Maison de Soins Psychiatrique (MSP) « Bois de la Fontaine »  est un établissement résidentiel accueillant 136 adultes atteints de troubles mentaux persistants impliquant un soutien continu dans les actes de la vie quotidienne. Elle fait partie du Centre Psychiatrique Saint-Bernard et entretient des collaborations rapprochées avec l’Hôpital psychiatrique Saint-Bernard avec lequel elle développe de nombreuses synergies.

La MSP est divisée en 4 unités de soins et 8 lieux de vie. Un centre d’activités propose des ateliers 5 jours par semaine.

Malgré le besoin important de soins et de soutien de ses résidents, un des axes de travail essentiel de cette MSP est de soutenir leur rôle actif, chacun l’exerçant à la mesure de ses moyens. Une démarche qui peut paraître simple et évidente mais qui est en fait novatrice dans ce type d’institution.

 

Le temps de la transformation

 

Diverses raisons ont poussé la coordinatrice de l’institution, Véronique Houchard, à activer la transformation des modes d’interactions, de fonctionnement et de communication. Parmi ces raisons, nous citerons :

  • L’impact de la réforme 107 des soins de santé mentale, notamment au travers de l’articulation des structures d’aides et de soins, des actions centrées sur le rétablissement, du processus d’inclusion dans la société et de l’implication active des usagers et des familles.
  • Le changement des profils des usagers de la MSP qui sont davantage acteurs de leur vie, mieux informés et demandeurs de changement au regard des fonctionnements actuels, notamment sur les sujets de l’autonomie.
  • L’évolution continue et rapide des métiers de la MSP qui invite à revoir la relation soignant – soigné, à sortir de certains carcans de formation parfois inadaptés et à gérer le sentiment régulier du personnel d’être débordé.

 

La MSP a besoin de nouvelles balises de travail qui réconcilient les points de vue des usagers et des membres du personnel. Elle vise davantage de sérénité dans le travail quotidien et une meilleure perception de la qualité des soins.

Le travail de co-création / co-construction s’attarde entre autres sur les différences de perception, notamment entre le personnel soignant et les résidents.

 

HODOS : un projet participatif d’évolution des pratiques

 

HODOS signifie « Chemin », en grec. C’est ainsi que Véronique Houchard envisage le projet.

« C’est un chemin que nous devons réaliser ensemble. Ce n’est pas un chemin droit et bien tracé. Il est tortueux et ponctué d’inattendus. Il existe plusieurs routes pour atteindre l’objectif et c’est de manière coordonnée que nous choisirons l’itinéraire. »

Le fait d’intégrer des changements de pratiques au cœur d’un projet est une idée qui a germé au cours des derniers mois. Il a semblé nécessaire de regrouper autour d’un même fil conducteur et d’une même communication un ensemble de démarches, d’actions et de projets qui participeront à la concrétisation de HODOS.

Les objectifs poursuivis par le projet sont les suivants :

  • Construire et mettre en oeuvre des actions concrètes d’amélioration de la qualité de soins et de vie en se basant sur les attentes des résidents et la réalité des équipes ;
  • Documenter les actions et en mesurer l’impact;
  • Favoriser la diffusion de ces démarches en interne et en externe ;
  • Vivre des expériences qui rappelle le sens du métier et qui impliquent davantage les personnes en place.

HODOS est construit sur des principes conducteurs forts qui, depuis le début, donne le ton de ce vent de changement qui souffle sur l’institution :

  • La mise en place d’un processus participatif et inclusif de l’ensemble des membres du personnel et des résidents ;
  • Des améliorations sur-mesure, qui visent une meilleure qualité de vie pour tous et qui sont dimensionnées en fonction des ressources disponibles ;
  • Des actions qui se veulent concrètes et opérationnelles, parfois à petite échelle mais avec de grands résultats ;
  • La prise en compte systématique des points de vue croisés lors de débats, d’échanges ou d’autres formes d’interactions ;
  • La mise en place d’un processus d’auto-évaluation.

 

Des premiers tests très concluants

 

En guise de préambule, 4 ateliers « Echanges d’expérience » ont été organisés et animés en interne afin de favoriser les échanges entre les membres du personnels et les résidents. Ces ateliers ont permis d’établir un nouveau type de dialogue entre les individus, d’inaugurer des modes d’échange jusque là inusités et de mieux comprendre les perceptions de chacun.

La formation-action, actuellement en cours avec le WeLL, permet à l’équipe coordinatrice du projet de comprendre et maîtriser la logique des ateliers participatifs, de l’animation, de l’analyse des résultats et de la communication.

Le 20 février avait lieu le premier atelier collaboratif rassemblant 28 membres du personnel de la MSP. Durant ces 3 heures de travail, les participants ont pu partager leur vision du métier, leurs plus grandes préoccupations, leur perception des défis en cours et à venir. Par petit groupe, ils ont fait émerger les premières idées d’actions concrètes du projet HODOS !  Un atelier qui n’a pas été sans effet puisque, dès le lendemain, une équipe de soignants a décidé de tester un nouveau mode d’interaction avec les résidents basés sur l’exercice participatif qu’ils avaient vécus la veille. Inspirés par la portée des échanges, ils ont amené les résidents à entrer dans une dynamique similaire et sont sortis grandis de cette expérience.

Le projet est soutenu par l’ASBL Psytoyen (concertation des usagers en santé mentale) qui s’implique également dans la création et l’animation d’ateliers participatifs.