Porter un regard différent sur la manière d’accompagner les personnes âgées, c’est possible. Une philosophie de soins aux ainés qui s’installe petit à petit.
Qu’est-ce que l’Humanitude ?
L’Humanitude n’est pas une philosophie de soins nouvelle. Elle est pratiquée depuis plus de 30 ans et a déjà fait ses preuves dans des maisons de soins et hôpitaux, mais également auprès d’ aidants proches. Pas assez utilisée, impliquant des changements de pratiques importants de la part des aides-soignants, elle peut être catégorisée dans les pratiques innovantes. C’est pourquoi nous souhaitions vous la présenter…
Cette philosophie, développée par Yves Gineste et Rosette Marescotti, s’adresse aux personnes âgées les plus dépendantes, notamment celles atteintes de la maladie d’Alzheimer.
Ce concept prend ses racines dans une conviction profonde : c’est lorsque l’on tient compte de tout ce qu’il y a de particulier chez l’humain que l’on est un soignant. En effet, malgré des pathologies affectant les capacités cognitives, la personne âgée continue à avoir besoin d’une relation avec les autres. Le patient doit se sentir humain pour vivre.
Cette pratique va donc privilégier le lien entre la personne âgée et le soignant au travers de multiples techniques de soins innovantes (il en existe plus de 150 qui tiennent compte des particularités de la personne soignée) mais également d’un engagement de la part de ces soignants sur les piliers fondamentaux de la philosophie.
Quels sont les piliers de l’Humanitude ?
La relation avec autrui est fondée sur 4 piliers : la verticalité, le regard, le toucher et la parole.
La verticalité
La position debout est celle qui distingue l’humain de bon nombre d’autres espèces. Elle est un signe de notre dignité et une partie de notre essence. Elle a de nombreux bénéfices, tant psychologiques que physiques pour la personne, et ce, à tout âge. Ce pilier essentiel et fondamental implique que le soignant accompagne l’ainé afin qu’il puisse continuer à « vivre debout » régulièrement.
Le regard
Le soignant doit professionnaliser son regard pour qu’il respecte des caractéristiques affectives, car le contact visuel fait partie intégrante de la communication. Il doit transmettre de la tendresse, de l’amour / de l’affection et appeler à la considération positive. Mais aussi des caractéristiques techniques car il est important d’établir des contacts visuels assumés et proches. Le personnel apprend notamment à s’approcher du lit du résident malade et à se mettre à son niveau, pour éviter de le regarder d’en haut. Le regard est stimulant, structurant et créateur d’estime de soi. D’où son importance capitale.
Le toucher
L’Humanitude invite les professionnels à ramener de la douceur dans leurs gestes envers les personnes âgées malades ou atteintes d’Alzheimer, chez lesquelles seule la mémoire émotive est préservée. Cette prise de contact douce doit solliciter l’autorisation corporelle, éviter les zones douloureuses et s’effectuer dans le respect le plus total, notamment de l’ intimité. Le toucher est la « confirmation de notre présence au monde », une reconnaissance du caractère humain, notamment lorsque la parole n’est plus accessible.
La parole
La pratique de l’Humanitude cherche à accroître la communication verbale, principalement avec les personnes âgées qui sont souvent incapables de répondre. Une technique appelée « l’auto-feedback » invite le soignant à décrire les gestes réalisés lors du soin. Celui-ci annonce chaque acte, puis le décrit pour alimenter la communication, sans attendre de réponse.
La parole peut communiquer l’espoir d’un mieux-être, informer et encourager. Dans les cas où la personne âgée est capable de répondre et d’entretenir un dialogue, cela confère à la personne soignée la perception d’être davantage acteur de sa propre situation et de pouvoir, par exemple, identifier des solutions avec le soignant ou agir de manière concrète.
Vous souhaitez en savoir plus ?
Découvrez l’Humanitude en image avec ce reportage Canal+ et celui d’une Une maison de retraite qui pratique l’Humanitude à Cussac en Haute-Vienne.
Pour en savoir plus : Le concept d’Humanitude : une application aux soins infirmiers généraux de Margot Phaneuf, inf.