Difficile pour nous d’aborder la génération d’idées sans vous parler du brainstorming. Tout le monde le connait, tout le monde l’a déjà pratiqué (souvent de manière incomplète), lors d’une réunion professionnelle ou autour d’un verre entre amis.

Au cours de cette brève méthodologique, nous essaierons de vous expliquer les tenants et aboutissants du brainstorming post-it, puis nous vous donnerons quelques trucs et astuces visant à vous permettre de l’utiliser à son plein potentiel.

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En avant !

Pour commencer, pourquoi vouloir organiser un brainstorming ?

Parce que vous êtes confronté un problème bien défini et que vous espérez le résoudre de manière innovante. Ne cherchez pas à faire un brainstorming si vous avez déjà en tête, une idée précise de la solution à ce problème. Le principe du brainstorming est d’ouvrir le champ des possibles et de se laisser le temps d’envisager des solutions sortant de l’ordinaire (même si la plupart d’entre elles seront laissées sur le carreau).

Ensuite, de quoi avez-vous besoin ?

D’un point de vue pratique, prévoyez d’innombrables post-it, d’une surface pouvant en accueillir un maximum (flipchart, mur, tableau, etc.), de feutres, de stylos et bien entendu, de collaborateurs prêts à participer. Pour ce dernier point, nous vous renvoyons vers nos précédentes brèves méthodologiques (Icebreaker et Imprégnation) afin d’être sûr que ceux-ci soient mis dans des conditions optimales au départ de la séance.

Bien, maintenant que tout est place, quel est votre rôle en tant qu’animateur ?

Principalement, il sera de votre devoir de veiller à la dynamique de groupe. Pour commencer, sachez qu’il existe quatre règles spécifiques que vous devrez rappeler en début de séance. Ces règles sont essentielles parce qu’elles assurent aux personnes présentes des conditions de participation optimales.

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Et le petit moyen mnémotechnique du jour : CQFD

₵ – Pas de Critique

Ni positive (exemple : « C’est génial ! ») car cela concentre l’attention des participants autour de cette idée et peut en bloquer d’autres. Ni négative (exemple : « Ça ne marchera jamais ! ») car cela peut entraîner une démotivation de la personne qui l’a émise et ralentir le rythme de la séance.

Q – Quantité

On vous l’a dit au début. Le but est de générer le plus d’idées possibles. Attendez au moins une centaine d’idées d’une séance. Plus il y a d’idées, plus il y a de choix et de possibilités. Il sera bien temps par la suite de conserver celles qui vous semblent les plus prometteuses.

F – Farfelu

N’hésitez pas à vous lâcher. Si l’idée peut permettre, d’une manière ou d’une autre, de répondre au problème visé, elle est toujours mieux sur le tableau que dans votre cerveau !

D – Démultiplication

Par ce terme, on attend de vous que vous écoutiez les idées des autres et que vous n’hésitiez pas à rebondir sur ce que vous entendez pour proposer d’autres idées, en lien avec ce que pensent vos voisins.

Vous êtes le gardien de ces règles. Dès lors, votre rôle premier est de vous assurer qu’elles ont été comprises et qu’elles sont respectées (dans la bonne humeur). Pour ce faire, n’hésitez pas à rappeler aux participants qu’il n’y a pas de bonnes ou de mauvaises idées à ce stade et que l’objectif est la quantité. Encouragez-les dans leurs idées folles ! Ce n’est parfois pas simple pour certaines personnes de briser la barrière et d’arriver publiquement à donner des idées qu’ils/ elles jugent insensées ; le tri se fera après. De même, aidez-les à écouter celles des autres et à faire des liens avec d’autres idées potentielles.

Ensuite, votre deuxième rôle principal sera de vous assurer que la séance avance dans le bon sens. Les idées émises doivent répondre, au moins en partie, à la question posée. Il ne s’agit pas de laisser les participants noter absolument tout ce qui leur passe par la tête. Il faut que cela ait un sens pour le problème visé. Évidemment, tout n’est pas si simple, entre l’inutile et l’essentiel. Il y a ici un jeu de nuance entre des idées « simplistes » qui ne répondent à rien, et des concepts trop complexes qui vont à l’encontre du principe de quantité. À vous de les accompagner dans cette démarche !

Enfin, une bonne séance de brainstorming durera en moyenne 45 minutes. En général (mais surtout en fonction du groupe), la première vingtaine de minutes sera consacrée à des idées plutôt communes. C’est ce qu’on appellera la phase de « purge ». Le terme vient du fait que nous avons tendance à donner des idées connues en premier, à nous purger de l’existant. Par exemple, si je vous demande comment je peux contenir un liquide dans un espace réduit, il y a de fortes chances que vous envisagiez un verre avant de proposer un voyage dans l’espace. Les deux fonctionnent et répondent au problème sauf que l’une est plus évidente que l’autre. Vous l’aurez compris, ce qui nous intéressera surtout lors d’une séance de brainstorming, ce sont les idées d’après. Celles qui émanent lorsque les participants ont fait le tour d’une grande partie de ce qu’ils connaissaient et qu’ils sont obligés de proposer de nouvelles choses.

Bref, j’espère que vous retiendrez que l’objectif réel de cette partie du brainstorming est de parvenir à émettre un maximum d’idées, de la plus basique, mais surtout, à la plus folle, pour répondre à un problème bien défini en mettant à profit l’intelligence collective de tous les participants. Le tout, dans une ambiance positive.

Ceci dit, l’émission des idées n’est que le début de la séance ! Lors de la prochaine brève, nous aborderons la manière de traiter l’ensemble des idées qui ont été émises en vue d’arriver à un résultat pertinent pour le problème visé.

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Quelques remarques et conseils pratiques 

  • Choisissez un groupe de personnes de taille raisonnable. En tant qu’animateur, vous pouvez généralement gérer une petite dizaine de personnes. Au-delà, vous risquez de ne pas savoir redresser une dynamique d’équipe qui ramollit.
  • Plusieurs variantes existent quant à la séance en elle-même. Suivant les groupes, vous pouvez demander à ce que chacun réfléchisse de son côté avant de donner les premières idées de manière collective. L’objectif est d’encourager tout le monde à participer. Vous pouvez également faire un exercice silencieux, lors duquel les gens notent leurs idées et les collent devant eux, avant que l’animateur ne passe prendre les post-it, les énoncent et les collent sur le tableau. Et bien d’autres… À vous de voir ce qui correspondra le mieux à votre groupe.
  • Concernant la phase de purge, vous verrez souvent qu’elle se termine lorsque les participants commencent à sécher et à ne plus proposer de nouvelles idées. Vous les entendez alors dire des phrases comme : « On a fait le tour ! », « Je pense qu’on a tout dit ! ». C’est souvent à cette phase que s’arrêtent les brainstormings utilisés dans les réunions de bureau, ou entre amis. Vous l’aurez compris, ce n’est véritablement que le début du réel travail ! Un petit truc pour continuer d’avancer : n’hésitez pas à amener des éléments nouveaux. Utilisez par exemple le photolangage (voir brève méthodologique 1 – l’icebreaker) et faites réagir les participants : « En quoi les éléments présents sur cette image pourraient nous aider à répondre au problème ? Les couleurs, les matières, le décor, etc. ».
  • Assis ou debout, c’est vous qui choisissez. Cependant, il est plus facile d’être débordant d’énergie quand tout le monde n’est pas avachi sur sa chaise de bureau.
  • Assurez-vous que tout le monde a bien entendu les idées de chacun (en les répétant à haute voix par exemple). De même, prenez garde à ce que les participants notent bien des mots qui font sens sur leur post-it. Après 45 minutes, pas sûr qu’un seul mot vague vous rappelle encore quelque chose par rapport à l’idée émise.