Comment les nouvelles technologies peuvent-elles aider à une meilleure application des programmes de nutrition ? C’est avec ce challenge ambitieux que MSF s’est adressé au WeLL. Après plusieurs mois de collaboration, retour sur le projet MSF Nutrition.

Selon les estimations, près de 195 millions d’enfants dans le monde souffrent de malnutrition. Vingt millions d’entre eux sont atteints de sous-alimentation aiguë ou sévère et sont donc en danger de mort. En 2015, MSF a admis 181 500 enfants souffrant de malnutrition dans des programmes nutritionnels mis en place dans des pays défavorisés ou en guerre. Il était primordial pour MSF d’explorer comment  leur action de terrain pouvait être renforcée grâce à la technologie.

Cadrer la problématique

Une première réunion de travail entre MSF et les équipes du WeLL aura permis d’adresser le sujet et de faire émerger deux éléments essentiels de la problématique:

  • le multiple enrôlement d’enfants ;
  • le problème d’identification de l’enfant lors de sa visite hebdomadaire.

Pour répondre à cette problématique, les processus actuels de dépistage, d’enregistrement et de suivi du programme de nutrition des bénéficiaires ont été analysés en détail par les équipes du WeLL et de MSF.

Le travail du WeLL s’est donc centré sur l’amélioration de l’identification et de la traçabilité des bénéficiaires de plans alimentaires d’urgence dans les CNTH (Centres Nutritionnels Thérapeutiques Hospitaliers) et les (CNTA) Centres Nutritionnels Thérapeutiques Ambulatoires.

Explorer les solutions

La première étape pour le WeLL fut de réaliser une analyse approfondie de l’état de l’art technologique dans ce contexte. Ce travail a permis de définir l’ensemble des éléments de solutions envisageables, ainsi que leurs forces et faiblesses.

Une fois cette analyse réalisée, le WeLL, avec l’équipe projet de MSF, a réalisé un atelier exploratoire qui s’est concentré sur l’analyse :

  • Des différents scénarii d’usage ;
  • Des moyens techniques d’identification afin de déterminer les alternatives les plus adaptées au terrain.

Suite à cet atelier, deux pistes ont été privilégiées :

  • La biométrie du doigt: elle présente la meilleure solution technique pour l’enrôlement, compte tenu des contraintes liées au contexte. Pour arriver à cette conclusion le WeLL a pu notamment se reposer sur une vaste étude en cours réalisée par une université américaine (Biometrics for Child Vaccination and Welfare: Persistence of Fingerprint Recognition for Infants and Toddlers. Anil K. Jain, Sunpreet S. Arora, Lacey Best-Rowden and Kai Cao Department of Computer Science and Engineering Michigan State University East Lansing, Michigan 48824, United States).
  • Un contrôle plus léger sur base de la possession d’un identifiant et d’un contrôle visuel d’identification photo, lors de la distribution hebdomadaire des rations alimentaires.

Afin d’approfondir l’analyse de la solution envisagée et de mieux comprendre les impacts, le WeLL a organisé un atelier de co-design pour valider les hypothèses posées et mettre en évidence les contraintes d’utilisation.

Cet atelier a notamment permis  de confirmer qu’il n’était pas nécessaire de mettre en place cette solution sur l’ensemble des programmes de MSF. Il appartiendra aux équipes de MSF de se poser la question de la nécessité du déploiement pour chaque programme spécifique lors de son lancement. Parfois, la meilleure réponse reste simplement un renforcement de la communication. Parfois, cette réponse technologique n’est tout simplement pas adéquate par exemple pour des raisons de perception de tels outils par la population.

Où en sommes-nous ?

La prochaine étape consiste en un test d’usage en situation, d’abord dans un environnement simulé de MSF Belgique prévu pour ce type d’action et ensuite, dans un environnement réel.

Cette nouvelle étape du projet pourra être mise en place dès qu’un nouveau programme de nutrition sera opéré depuis Bruxelles, ce qui n’est pas le cas actuellement.

Selon François-Xavier Dosogne, e-health Program Manager, le projet « Nutrition » est « réaliste mais c’est quelque chose que l’on doit tester. C’est cela qui est intéressant avec un projet pilote, c’est de voir ce qui est faisable ou non ».

Robin Vincent Smith, responsable MSF Programme, Changement et Connaissance, ajoute : « Travailler avec le WeLL a été une réelle valeur ajoutée. Ce projet nous a vraiment poussés à réfléchir sur les technologies d’identification que nous devons encore évaluer sur le terrain. Le projet est au frigo mais certainement pas clos ! ».

Le WeLL se tient donc prêt pour les prochaines étapes de ce projet plein d’ambition !