La propriété intellectuelle est un sujet essentiel au sein d’un Living Lab! Comment la gère-t-on de manière générale et plus particulièrement lors d’activités de co-création?

La dimension participative est intrinsèque à l’approche Living Lab. Dès lors, comment gérer la propriété intellectuelle en tenant compte de cette dimension ?

L’approche Living Lab permet aux utilisateurs finaux, qu’ils soient citoyens ou professionnels, de pouvoir exprimer leurs besoins ou donner leur avis sur une idée, un produit ou un service, voire d’intervenir dans sa création. On parlera alors de co-création. Pour un porteur de projet, l’approche Living Lab est une opportunité de confronter son projet à ses utilisateurs potentiels afin de combler (en partie) les déficiences du cycle d’innovation traditionnel, où seuls 2 à 10% des innovations confrontées à l’usage trouveraient une place réelle sur le marché.

Un bémol: l’ouverture du projet à de nouveaux intervenants (citoyens et professionnels) risque de se heurter au réflexe de protection des porteurs de projet. Le Living Lab est dès lors confronté à un dilemme : ouvrir le processus d’innovation et gérer en même temps l’inquiétude du porteur de projet quant à sa propriété intellectuelle.

Pourtant, une approche Living Lab n’a aucune chance de fonctionner sans la liberté d’expression qui postule la confiance mutuelle, l’esprit collaboratif, l’approche problem solving plutôt que celle de la chasse gardée (approche compétitive) et la crainte des conséquences individuelles de la prise de parole. L’efficacité, voire l’émergence du processus d’innovation ouverte, est donc partiellement conditionnée par le climat de confiance mutuelle entre les intervenants.

Ceci explique l’intérêt d’une recherche interdisciplinaire – le droit de la propriété intellectuelle et la gestion de l’innovation – sur ces conditions. L’article intitulé « Propriété intellectuelle : bases d’un cadre légal adapté aux activités co-créatives » et écrit par Robert Viseur (Cetic, uMons) présente et analyse un panel d’outils juridiques ou organisationnels, comme les licences Creative Commons, les brevets, etc., applicables aux activités co-créatives pour faciliter le climat de confiance. Avec l’approche Living Lab, il s’agira de sélectionner pour chaque projet, le ou les outils les plus efficaces en fonction de l’objet du projet, de son porteur, des partenaires, du public cible et de l’axe de développement (exploitation commerciale – innovation sociale). Comme vous le verrez, il n’y a pas de recette unique !