Depuis l’émergence du Business Model Canvas, de nombreux modèles de réflexion ont vu le jour sous forme de canevas dans des domaines variés. Le User Centered Design Canvas (UCDC) est l’un de nos préférés. Il a été développé avec un manuel d’utilisation par l’agence The Rectangles.

Cet outil a été créé pour faciliter le processus de conception d’une expérience utilisateur. Inspiré par d’autres outils tels que le Business Model Canvas ou le Lean Canvas, l’outil permet une analyse complète de l’utilisateur (client, usager, patient, etc.) et de la proposition de valeur apportée par la solution du point de vue de l’utilisateur.

S’il est régulièrement utilisé dans la conception de site web ou de stratégie marketing, ce modèle est également un outil précieux dans les démarches de type Living Lab.  Il apporte une structure de réflexion complémentaire à d’autres approches. Le canevas peut également servir de réceptacle, d’outil de synthèse des différentes étapes d’exploration, de co-création et de test d’un projet d’innovation.

L’UCDC est divisé en 9 cases, dont 2 catégories majeures :

  • L’utilisateur et ses caractéristiques ;
  • La solution et sa proposition de valeur.

La case utilisateurs a été naturellement placée au cœur du canevas. On y retrouve une description des cibles potentielles. Nous conseillons d’approfondir le descriptif de cette section et de ne pas se cantonner à des mentions trop simplistes comme « le personnel soignant », « les seniors » ou encore « les patients ». Il est important d’apporter des précisions non seulement socio-démographiques, culturelles, etc. mais également liées au futur contexte d’usage (Lieu ? Moment de la journée ? Moment de vie ?…).

Du côté des caractéristiques utilisateurs, seront explorées les thématiques suivantes : les problèmes, les motivations et les peurs.

Quelques conseils pour profiter au mieux du potentiel du canevas :

  • Les problèmes: il est important de traduire correctement les problématiques rencontrées dans une situation donnée mais également de s’intéresser à un besoin (exprimé différemment d’une problématique) ainsi qu’à une envie (également différente d’un besoin).
  • Les motivations: plus exactement, nous parlerons de « facteurs de motivation ». Il peut s’agir de facteurs de motivation à l’usage d’une nouvelle technologie, d’un nouveau processus ou plus simplement dans le cadre d’un changement d’usage.
  • Les peurs: on s’intéressera aux facteurs anxiogènes ou bloquants, en d’autres termes les freins dans le développement d’une solution et dans son usage.

La phase d’exploration, au travers de méthodologies adaptées, permettra de faire émerger ces informations. Ces dernières feront l’objet d’une bonne base de travail pour la phase de co-création, en amenant des contraintes et des réflexions de travail intéressantes. Ces trois aspects peuvent également être considérés lors d’une phase de test, pour s’assurer que le nouveau produit ou service sera adapté aux attentes.

Du côté marché, on trouvera :

  • Les solutions: on y décrira différentes caractéristiques de la solution en regard des besoins des utilisateurs avant de converger vers une expression plus concrète et synthétique de la proposition de valeur.
  • Les alternatives: lister les alternatives, aussi appelées solutions de substitution, nous donne une vision du potentiel d’innovation sur le marché concerné. Il convient de comprendre pourquoi certaines solutions n’existent pas encore (sont-elles acceptables ?) et quelles caractéristiques sont manquantes au regard de l’analyse des caractéristiques de l’utilisateur.
  • Les avantages compétitifs: que pouvez-vous fournir de différent à vos utilisateurs ? Qu’allez-vous proposer d’unique dans votre contexte, sur le marché visé ? Il peut s’agir de technologies, de processus d’usage, de processus d’achat ou encore de compétences spécifiques.

L’ensemble de ces réflexions vous permettra d’identifier une proposition de valeur unique, adaptée à l’utilisateur.

Quelques réflexions à propos de ce modèle :

  • L’UCDC représente un modèle parmi d’autres. Il donne un cadre d’exploration et d’analyse mais n’est pas suffisant à la réflexion d’un projet. Il doit être complété par d’autres techniques, canevas et compétences.
  • Le processus de réflexion doit toujours être itératif. Il nous semble important de revenir régulièrement sur les différentes cases afin de préciser les conclusions et de comprendre les liens entre les caractéristiques utilisateurs et les caractéristiques du marché.
  • Si le modèle offre une structure simple, il doit être complété par des méthodologies d’exploration efficaces pour ne pas passer à côté d’informations essentielles. Qu’il s’agisse d’ateliers d’exploration ou d’entretiens individuels, le protocole ou le guide d’entretien doivent être suffisamment approfondis.