Le SMILE est le Centre de simulation médicale du CHU de Liège, dirigé Prof. Alexandre Ghysen, chef de service associé des urgences. Voici un petit tour d’horizon des technologies de simulation à destination des étudiants et équipe médicales.

Connaissez-vous les débuts de la simulation médicale ?

L’idée de simulation médicale vient originellement des États-Unis, où l’organisation « Patient Safety Movement » travaille à la prévention des erreurs médicales et milite pour que le patient ne soit plus victime d’erreurs évitables.

A la fin des années 1980-1990 sortent les premiers rapports d’incidents médicaux où sont démontrés que 70 à 80 % des erreurs en médecine ne sont pas le fait de problèmes techniques, mais plutôt d’erreurs humaines tels qu’une mauvaise communication au sein d’une équipe médicale, une mauvaise perception d’une situation, une erreur de leadership, etc.

Dans ce contexte, la simulation est apparue comme le chaînon manquant entre l’apprentissage théorique dispensé durant les cours ex-cathedra et le compagnonnage des futurs médecins durant leurs stages.

« On ne devrait laisser personne s’entraîner la première fois face à un malade, mais plutôt permettre l’entraînement, autant de fois que nécessaires, en simulation.  »

Si le principe de simulation en médecine trouve ses premières traces au 18ème siècle au travers de l’utilisation de cadavres en chirurgie ou encore de mannequins en chiffon pour la simulation des accouchements, l’apprentissage de nombreuses autres situations telles que la gestion de crises ou encore la communication patient-médecin se fait encore trop souvent en conditions réelles.

Dès lors, à l’instar de ce qui se fait dans le secteur de l’aéronautique où tous les cas sont envisagés et simulés, mettre à la disposition des professionnels de santé des outils de simulation plus poussés est devenu une évidence :

« La simulation est apparue comme la modalité la plus sûre pour entraîner les futures médecins et professionnels de santé dans des conditions sécuritaires et sous contrôle afin de réduire le nombre d’incidents face à toutes sortes d’évènements. »

Quelles techniques de simulation au SMILE ?

Le SMILE s’adresse à toutes les composantes du corps médical, de l’étudiant en stage en passant par les infirmiers, médecins jusqu’à une équipe médicale complète. Dès lors, le centre de simulation s’insère soit en complément des cours théoriques dispensés (ex : interaction patient/médecin), soit au travers de journées thématiques pour répondre à des problématiques précises (échographie, mise de voie centrale, etc.).

Une séance de simulation démarre toujours par un briefing pour la mise en contexte de la simulation (historique du patient, matériel à disposition, etc.), la simulation, parfois filmée, pour finir par le débriefing, temps d’analyse et de synthèse portant sur l’ensemble de la performance des apprenants.

Les techniques de simulation déployées au SMILE sont multiples et utilisées selon les besoins pédagogiques associés à chaque objectif d’apprentissage. Le tout technologique n’est pas forcément privilégié !

Par exemple, les premières sutures réalisées par un étudiant le seront sur une peau de banane permettant l’acquisition du « bon » geste. Une fois la technique de suture acquise, le geste devra pouvoir être reproduit sur un pied de porc simulant la peau humaine avant de passer dans des conditions plus « réelles ». La prochaine étape d’apprentissage de la suture se fait alors un pied de porc placé sous un champ opératoire stérile avec un système simulant le flux sanguin et un instructeur qui jouera le rôle du patient pourra exprimer une peur, une douleur ou toute autre information jugée utile.

L’objectif du SMILE est donc de trouver la modalité technologique (ou non) la plus appropriée pour la simulation et les objectifs pédagogiques ciblés. Les outils de simulation disponibles au SMILE sont repris ci-dessous et classifiés selon le classement de la Haute Autorité de la Santé (HAS) :

 

 

Schéma représentant les différentes formes de simulation d’après la HAS (Haute Autorité de la Santé). Celles en couleurs sont organisées au sein du Centre de Simulation Médicale.

La simulation « animale » se fait sur des cadavres et permet l’apprentissage de gestes chirurgicaux simples et complexes. On y retrouve par exemple l’entraînement à la suture cité ci-dessus.

La simulation « humaine » reprend deux concepts :  soit le « patient standardisé », qui est un patient volontaire ou un acteur, soit le jeu de rôle entre pairs. Dans les deux cas, l’objectif est de  simuler une situation vraisemblable dans un environnement fictif spécifique et permet de développer des compétences en matière de communication et d’habileté relationnelle avec le patient (annonce d’une mauvaise nouvelle, transmettre une information complexe, etc.).

La simulation « synthétique» au travers de mannequins réalistes plus ou moins sophistiqués. On retrouve ainsi trois grandes catégories :

  • Des mannequins « basse fidélité» où l’instructeur régit les interactions avec le mannequin en définissant les différents paramètres et la communication avec le patient.
  • Des mannequins « haute-fidélité » remplis d’électronique capable d’interagir de façon très réaliste avec l’apprenant et de simuler de nombreuses pathologies et paramètres physiologiques (rythme cardiaque qui évolue, problèmes respiratoires, transpiration, augmentation de la température, …). L’intérêt est de mettre une distance entre l’apprenant et l’instructeur qui pourra s’effacer durant la simulation.

SimMan 3G est une des vedettes du SMILE, il cligne des yeux, respire, transpire, parle, et simule de nombreuses pathologies.

  • Des simulateurs « procéduraux » qui ne sont généralement qu’une partie d’un corps et permettent l’apprentissage par répétition de gestes dans une procédure comme l’intubation.

 

La simulation électronique au travers d’outils informatiques divers comme :

  • Des films interactifs permettant de se confronter à une situation inédite et d’y apprendre de manière ludique les bons gestes. de bons exemples disponibles au grand public sont les films « sauve une vie » et « sauve une vie 2 » réalisés par le SMILE en partenariat avec la RTBF. Ce film interactif est consacré aux gestes cardiaques qui sauvent et aux gestes de premiers secours.

 

 

 

  • La réalité virtuelle déjà utilisée par le centre pour l’apprentissage de procédures, comme le triage extrahospitalier des victimes sur le site d’une catastrophe, ou encore la communication entre un professionnel de santé et un patient lors de l’annonce d’une mauvaise nouvelle.

 

  • La réalité augmentée avec un projet visant à transformer l’apparence des mannequins pour les rendre plus réels. Cette amélioration de l’apparence a pour objectif d’augmenter l’authenticité d’une simulation tout en gardant la possibilité de pratiquer des gestes techniques réels. Par exemple en donnant l’apparence d’une peau brulée ou en permettant de visualiser virtuellement l’intérieur du mannequin pour mieux comprendre les modifications anatomiques et physiologiques liées à la  pathologie mise en scène.

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Où trouver le SMILE ?

Le SMILE est présent sur plusieurs sites selon les spécialisations. Le site des Bruyères se focalisant sur la pédiatrie et les urgences, tandis que le site du Sart-Tilman se focalise sur les aspects procéduraux et non techniques avec un intérêt pour la gestion des équipes et la gestion de crises.

Par ailleurs, une nouvelle unité est à l’étude pour une nouvelle implantation sur le site du Val Benoit. Cette antenne satellite du SMILE sera tournée vers les techniques numériques pour le développement de dispositifs innovants à destination de l’éducation et la formation en santé ainsi que la R&D dans ce domaine. Cette unité a pour vision de devenir un véritable catalyseur de partenariats et de collaborations au sein du milieu universitaire mais aussi avec des entreprises contribuant ainsi à la transition numérique.

 

Pour en savoir plus :

Visitez le site du SMILE ici !