À quoi ressemblera le monde après la pandémie ? Voilà la question posée par l’IWEPS. À travers une publication, l’Institut Wallon de l’Evaluation, de la Prospective et de la Statistique propose une compilation des différents scénarios déjà parus à travers le monde. Nous avons rencontré Frédéric Claisse en charge de la rédaction de ce document.

 

L’IWEPS est un institut scientifique public d’aide à la prise de décision à destination des pouvoirs publics. À ce titre, il met à la disposition des décideurs wallons, des partenaires de la Wallonie et des citoyens des informations diverses relatives aux sciences économiques, sociales, politiques et de l’environnement.

 

« Cette publication est la deuxième d’une série de notes de veille prospective que l’on a intitulé ‘Les Nouvelles des Possibles’ et qui propose des analyses quant aux différents futurs qui se dressent devant nous », explique Frédéric Claisse, attaché scientifique au sein de la Direction Anticipation des phénomènes socio-économiques. « Avec la pandémie et le confinement, nous avons ressenti le besoin de réaliser, dans le cadre de cette série d’anticipation, une publication qui serait un peu comme une cartographie des différentes visions du futur pour l’après-crise. » Il faut dire que l’on a vu pulluler sur les réseaux sociaux et dans les médias de nombreuses analyses et scénarios. Chacun dans leur domaine de compétence, les auteurs se sont projetés et ont offert aux lecteurs une multitude de propositions quant aux évolutions possibles de cette crise qui aura bousculé le mode de vie de près de la moitié de l’humanité.

 

 

« Nous avons choisi de les classer selon quatre modèles : la transformation, le retour à la normale, la résilience ou l’effondrement ». Et le chercheur de préciser que le choix de ces modèles répond à un principe d’organisation emprunté au prospectiviste américain Jim Dator. « Nous ne portons ces futurs possibles aucun jugement de valeur. Nous ne les considérons ni comme positifs ni comme négatifs. Par ailleurs, le monde progressera certainement avec un mélange de ces 4 scénarios. »

 

Quelques exemples pour mieux les comprendre…

Scénario 1, la transformation : Le monde d’hier étant devenu intenable, il doit se transformer sur le plan environnemental ou social, et la crise offre une opportunité d’y réfléchir. Par exemple, la crise sanitaire pourrait ainsi entraîner un retour à l’État social, une thèse entre autres accréditée par la nationalisation des hôpitaux privés en Espagne pendant la pandémie ou les appels à un « Green New Deal » au niveau européen.

 

Scénario 2, le retour à la normale : Malgré des effets positifs sur l’environnement sur le court terme, la crise ne sera qu’une parenthèse avant une reprise de l’activité économique. Il faut donc s’attendre à un rebond de l’activité, voire à des effets d’aubaine pour certains acteurs qui seraient tentés de profiter de la crise pour accélérer certaines réformes.

 

Scénario 3, la résilience : Cette crise ayant des effets d’apprentissage, la société pourrait évoluer et revenir à l’équilibre en intégrant de nouveaux fonctionnements. Ainsi, après des années de mépris pour la science, les experts font actuellement leur retour sur le devant de la scène. Mais la résilience se fera peut-être au prix d’une surveillance accrue de la population, le traçage étant l’une des conditions d’un déconfinement ordonné.

 

Scénario 4, l’effondrement : Certains voient dans cette pandémie « une répétition générale avant l’effondrement ». En guise d’exemple concret, la chute du prix du baril de pétrole provoqué par le double choc de la crise du covid19 et de la guerre des prix entre l’Arabie Saoudite et la Russie. La crise sanitaire pourrait, par effets dominos, entraîner une crise globale. Mais en révélant les failles de l’État, elle nous oblige à être plus civiques et solidaires.

 

Une cartographie qui révèle les préoccupations

Certains secteurs font plus facilement l’objet d’analyses et de projections que d’autres. On retrouve parmi les préoccupations, les questions du dérèglement climatique. Viennent ensuite les secteurs directement touchés par la crise. « Il y a les soins de santé évidemment, mais aussi tous les aspects socio-économiques : le chômage économique, les clivages sociaux, les vulnérabilités révélées par la situation, etc. » Autres questions, celles liées aux dettes publiques et aux mécanismes de régulation. « Je citerai enfin les questions éthiques ou de responsabilités. Certaines personnalités politiques sont déjà pointées du doigt. Il est clair qu’après la crise, il sera demandé si cette pandémie aurait pu être évitée ou, du moins, gérée autrement. » Et dans chacun de ces domaines, le mélange entre les quatre scénarios évoqués sera encore différent.

 

Des prospectives qui évoluent

Frédéric Claisse nous confie : « Nous avons été surpris de l’intérêt des médias pour cette publication, cela participe évidemment à notre souhait d’aller plus loin ». Ce premier document est plutôt une mise en ordre des projections réalisées au début de la crise du covid19, une image des visions du futur qui se sont exprimées durant le premier mois de la crise. Le chercheur envisage d’actualiser ces hypothèses, en restant ouvert à d’autres approches. « Par exemple, on pourrait envisager les scénarios à venir selon deux axes : d’une part, la pandémie s’achève ou elle se prolonge ; et d’autre part, les systèmes économico-sociaux se transforment ou ils restent inchangés. » Autant dire que l’on suivra ce travail avec intérêt…

 

Retrouvez l’intégralité de la publication ci-dessous. Tous ces exemples sont extraits de cette publication et y sont nuancés, expliqués et référencés.