Décider, c’est choisir et choisir, c’est renoncer. Vraiment…? Et si, au lieu d’un accord total, c’était le consentement de tous qui était recherché… ? C’est le principe de la méthode de prise de décision par consentement. Présentation de l’outil.

 

Une décision aura plus de chance d’être efficace si elle dispose d’une large adhésion. Or la position autocratique d’une minorité pour une question qui concerne la majorité, a peu de chance d’être adoptée facilement. A l’inverse, quand la décision est prise à la majorité, de façon plus démocratique, elle ne sera pas pour autant forcément acceptée par des groupes minoritaires. En même temps, il serait aussi illusoire d’attendre, avant de prendre une décision, que tout le monde soit d’accord…

 

Un changement de paradigme

La prise de décision par consentement se différencie de la prise de décision par consensus : en consensus tout le monde dit « oui », en consentement, personne ne dit « non ». Un groupe qui s’engage à ce type de démarche est conscient qu’il n’existe pas de « solution parfaite » et accepte de travailler sur base d’une proposition apportée par l’un des membres, de façon à l’améliorer collectivement jusqu’à ce que tout le monde puisse y trouver son compte. En consentement, aucune décision ne sera prise si l’un des membres y oppose une objection raisonnable. Cette règle permet d’explorer les limites et les tolérances de ceux et celles qu’elle risque d’affecter.

 

Le WeLL a ainsi souhaité vous proposer différentes fiches pour utiliser cet outil. Vous trouverez dans cet article une présentation succincte de cette méthode. Les fiches sont à télécharger en bas de page.

 

Une méthode par étape

Ce processus de décision ne recherche pas le consensus (ce sur quoi tout le monde est d’accord) mais le consentement (ce sur quoi personne n’a d’objection majeure). Il n’est pas indispensable d’être totalement d’accord avec la proposition pour donner son consentement. Il suffit que les objections argumentées soient levées. Le consentement n’est pas non plus un droit de veto, mais un droit d’objecter et d’argumenter son objection. Ainsi, chacun a un pouvoir d’influence équivalent sur la décision à prendre. C’est en fait une façon très concrète d’utiliser les différents besoins et opinions pour atteindre un objectif commun.

 

Pour parvenir à obtenir ce consentement de tous, la proposition va faire l’objet de 11 étapes de travail.

 

À travers ces étapes, chacun va être amené à se questionner sur ce qui constitue des sources de satisfaction et/ou d’insatisfaction dans la proposition émise. Puis des échanges ont lieu, le tout guidé par des valeurs définies au préalable, à savoir, la bienveillance, la confiance dans le collectif, le ‘zéro jugement’, l’écoute profonde et le respect.

 

 

Nous vous offrons le guide de la prise de décision par consentement, étape par étape, en PDF ! Cliquez ici pour le télécharger.

À chacun son rôle

La méthode démarre par une proposition, à savoir le résultat d’un travail d’un groupe et d’une prise de décision. Cette proposition sera déposée par un proposeur qui sera le porte-parole du groupe de travail et qui interagira en son nom.

 

Pour gérer les échanges et les étapes, un facilitateur sera désigné. Idéalement, il s’agit d’une personne capable de rester neutre par rapport à la proposition. Il sera accompagné par un secrétaire qui assurera un relevé des décisions et de la matière qui ont émergé de la séance. Durant les prises de décisions, il secondera le facilitateur en notant les propositions, amendements, objections et bonifications. Il est également celui qui remplace le facilitateur lorsque ce dernier est impliqué directement dans une phase du processus.

 

Pendant les séances de travail, le facilitateur donne la parole aux participants en faisant des tours. Les participants peuvent « passer » s’ils n’ont rien à dire, mais ces tours doivent permettre de donner à tout le monde la possibilité de parler. Il est dès lors préférable d’être disposé en cercle pour que tout le monde puisse se voir.

 

A noter encore l’importance de la circulation de la parole. Le facilitateur peut, selon les étapes du processus ou les circonstances, proposer différentes façons de la distribuer.

 

Une approche basée sur l’intelligence collective

La prise de décision par consentement invite à écouter attentivement ce qui émerge du groupe au-delà de l’expression de chacun de ses membres. Cela implique : accepter les points de vue différents comme utiles et complémentaires, argumenter, ne pas juger, oser dire sa vérité, autant d’éléments propres à la coopération.

 

Cette méthode implique également d’accepter de « perdre du temps maintenant pour en gagner plus tard », car l’expérience montre que ce dispositif demande du temps pour être mis en œuvre. Elle a également l’avantage d’entraîner une équipe à communiquer autrement, de manière bienveillante, à s’impliquer plus activement, adopter un point de vue collectif et développer la confiance.

 

L’objectif est donc bien de développer la co-responsabilisation des acteurs et d’utiliser le pouvoir de l’intelligence collective dans l’acte de prendre une décision qui a des conséquences sur l’ensemble de l’équipe.

 

Vous voulez visualiser comment se déroule une séance ? Voici une vidéo !

 

La prise de décision par consentement dans la pratique Living Lab

La prise de décision par consentement peut s’appliquer à de multiples situations : l’émergence de la raison d’être, de la vision, des missions et des valeurs d’une organisation ; l’engagement d’un nouveau collaborateur ; la réflexion d’une stratégie…et globalement n’importe quelle proposition de solution qui doit faire l’objet d’une décision collective, qui plus est si l’adhésion des membres du groupe est un enjeu.

 

Une attention particulière sera donnée aux premières étapes du processus : la définition du thème, l’écoute du centre et l’élaboration de la proposition. Autrement dit, de quoi parle-t-on ? Que cherche-t-on ? Quel est l’objectif ?

 

Dans la pratique Living Lab, la prise de décision par consentement est un outil précieux dans chacune des phases de la méthodologie Living Lab.

 

Exploration : La phase d’exploration va permettre d’identifier des besoins, des problématiques, dans un cadre donné. Il est courant d’identifier plusieurs voies à creuser. Laquelle choisir ? Avec un groupe, qui peut être un groupe projet ou un groupe d’utilisateurs, il est possible de travailler ensemble à une proposition de « besoins » qui sera traitée dans une phase de co-création. Le but peut alors être de déterminer la question motivante qui fera l’objet de la co-création, question centrée sur le besoin (et la manière de l’exprimer !) le plus prégnant ou pressant.

 

Co-création : En phase de co-création, il est toujours nécessaire de réaliser un moment de convergence. La prise de décision par consentement permettra au groupe d’identifier le livrable le mieux adapté pour passer à l’étape de prototypage et de test. Sur base d’une proposition qui peut être formulée par le facilitateur, en fonction de ce qui a émergé durant la séance de co-création, les participants peuvent affiner, bonifier, lever les objections et marquer leur consentement sur la poursuite du processus.

 

Test : Il est parfois compliqué de déterminer, durant le test d’un prototype, ce qui tient de la préférence ou de la nécessité d’usage. Pour autant qu’un test en groupe soit possible, une personne désignée que le « proposeur » (porteur de projet, co-animateur, etc.) peut générer, tout au long de la première partie de l’atelier de test, une proposition d’amélioration du prototype. Il choisira les caractéristiques qui lui semblent les plus appropriées, parfois de manière subjective, afin de dégager la proposition, base du processus de prise de décision. Au final, le consentement permettra de diminuer les éventuelles frustrations des participants, de dépasser la notion de préférence et de se centrer davantage sur l’usage.

 

Pour en savoir plus

http://blog.kronos.fr/definition-gestion-par-consentement-outil-sociocratie-faciliter-intelligence-collective/

https://www.reseautransition.be/gestion-par-consentement/

http://www.iteco.be/revue-antipodes/intelligence-collective/article/outils-d-intelligence-collective-la-decision-par-consentement

http://www.lagonette.org/wp-content/uploads/La-prise-de-d%C3%A9cision-par-consentement-v4.pdf