Les praticiens en psychologie et en logopédie s’en plaignaient : difficile de trouver de la littérature scientifique compréhensible et accessible sur les outils d’évaluation clinique. La CPLU a décidé de relever ce défi avec une plateforme web développée dans le cadre du projet First Spin-off TOAST. Rencontre avec ses chevilles ouvrières, Sylvie Willems, Cheffe de clinique, et Jonathan Burnay, chercheur et porteur du projet.
Pourquoi avoir développé ce projet ?
Sylvie Willems : L’objectif du projet TOAST est de faciliter l’accès aux outils cliniques mais aussi aux données scientifiques pour guider les psychologues et les logopèdes dans l’utilisation de ces outils.
Pour bien comprendre le contexte, il faut savoir que les cliniciens utilisent différents outils pour évaluer l’état de leurs patients. Cela peut être des tests de performance au niveau langagier ou de la mémoire, ou encore un inventaire de comportements. Malheureusement, ces outils nécessitent une utilisation très éclairée pour être efficient.
En médecine classique, la question se pose également pour certains tests. Si vous réalisez une prise de sang pour détecter la présence de tel ou tel élément, le risque de faux positif ou faux négatif doit être connu par le médecin pour émettre un diagnostic correct à partir de votre résultat. Dans nos domaines, la fiabilité des résultats est loin d’être évidente. Parfois, la marge d’interprétation est importante. Afin d’être guidé dans ses choix, le clinicien a besoin d’accéder à toute la littérature associée à un outil (quand elle existe) pour lui permettre de mieux appréhender les résultats et les interpréter correctement. Cette littérature peut inclure des analyses statistiques parfois complexes.
Actuellement, cette littérature n’est pas accessible ?
Jonathan Burnay : Les articles scientifiques sont en anglais. Leur format est peu digeste et parfois peu compréhensible pour des praticiens. Sans compter le fait qu’ils sont écrits avec un jargon propre aux chercheurs. Le chercheur oublie bien trop souvent qu’un des lecteurs sera l’utilisateur. Avec ce projet, notre volonté est d’améliorer les pratiques cliniques en permettant aux cliniciens d’identifier facilement les instruments de mesure fiables en psychologie et logopédie ; mais également en améliorant l’utilisation et l’interprétation de ces outils. Pour ce faire, ils disposeront d’une plateforme unique, une sorte de compendium en ligne, avec des fiches ‘outil’ qui reprennent les informations pertinentes et aisément utilisables.
Sylvie Willems est responsable de la Clinique psychologique et logopédique universitaire (CPLU), chercheuse et maitre de conférence à la Faculté de Psychologie, Logopédie et Sciences de l’Éducation (ULiège). Elle est la promotrice de ce projet First Spin-off.
Jonathan Burnay est chercheur à la Faculté de Psychologie, Logopédie et Sciences de l’Éducation (ULiège). Il a été engagé en tant que chercheur en 2019 pour développer ce projet TOAST.
Donc, aujourd’hui, vous collectez la littérature spécifique pour en extraire les informations utiles…
J.B : Ce travail représente à peu près 60% de mon temps. Je recherche les études les plus pertinentes et je classe les informations dans une base de référencement.
S.W. : Le rôle de Jonathan est vraiment de lire et de transcrire de façon compréhensible tous ces éléments de recherche. Il s’agit en quelque sorte d’un nouveau métier : celui de traducteur de savoir.
La plateforme est une sorte de porte d’entrée vers la littérature scientifique en psychologie et logopédie…
J.B. : Oui, mais pas seulement. Outre la présentation des fiches, s’y trouveront également des analyses statistiques et des aides à l’interprétation de résultats. Les psychologues ou logopèdes ne sont généralement pas des statisticiens. Quand bien même ils accèdent aux chiffres d’une étude, cela ne les informe pas nécessairement sur la validité des résultats. Nous allons déterminer des critères de qualité pour pouvoir évaluer les scores et donner ainsi une information utilisable. L’idée est de parvenir à un arbre décisionnel pour les guider dans leurs diagnostics.
S.W. : Cette approche interprétative se veut résolument ouverte, transparente, voire controversable. Si l’auteur d’une étude ou d’un article marque un désaccord par rapport au classement établi avec nos critères de qualité, il sera invité à se mettre en contact avec nous pour en discuter. Notre volonté est de garder cette interprétation au service de la compréhension des outils pour les cliniciens, pas d’établir une sorte de « guide Michelin du test clinique ».
J.B. : Sans compter le fait qu’il n’existe pas de consensus clair pour établir ce qu’est un bon ou un mauvais score. Cette transparence est dont d’autant plus nécessaire.
Comment le projet TOAST a-t-il été monté ?
S.W. : Les cliniciens le réclamaient depuis un certain nombre d’années. Cette démarche est née véritablement de cette demande. Nous avons commencé à réfléchir plus concrètement en 2016. Grâce à l’aide de la Région Wallonne dans le cadre du programme First Spin-off, le projet a pu démarrer l’année dernière, en 2019, avec l’engagement d’un chercheur.
J.B. : Aujourd’hui, outre la recherche et la ‘traduction des savoirs’, je travaille également à l’utilisation de la plateforme avec un angle de vue plus marketing. Pour cet aspect, je suis accompagné par le VentureLab à Liège, ce qui me permet de bénéficier des compétences de leur réseau pour affiner le projet.
Quel est l’agenda prévu pour le lancement de la plateforme ?
J.B. : Notre objectif est de proposer une version bêta pour la fin de l’année. En fonction des retours de nos utilisateurs tests, nous espérons une sortie officielle pour mi-2021.
S.W. : Cette plateforme s’adressera à l’entièreté de la francophonie. Après son lancement, nous continuerons d’y ajouter des articles ou des revues, en restant en contact avec les universités et les chercheurs désireux de s’impliquer.
Pourquoi avoir développé ce projet ?
Sylvie Willems : L’objectif du projet TOAST est de faciliter l’accès aux outils cliniques mais aussi aux données scientifiques pour guider les psychologues et les logopèdes dans l’utilisation de ces outils.
Pour bien comprendre le contexte, il faut savoir que les cliniciens utilisent différents outils pour évaluer l’état de leurs patients. Cela peut être des tests de performance au niveau langagier ou de la mémoire, ou encore un inventaire de comportements. Malheureusement, ces outils nécessitent une utilisation très éclairée pour être efficient.
En médecine classique, la question se pose également pour certains tests. Si vous réalisez une prise de sang pour détecter la présence de tel ou tel élément, le risque de faux positif ou faux négatif doit être connu par le médecin pour émettre un diagnostic correct à partir de votre résultat. Dans nos domaines, la fiabilité des résultats est loin d’être évidente. Parfois, la marge d’interprétation est importante. Afin d’être guidé dans ses choix, le clinicien a besoin d’accéder à toute la littérature associée à un outil (quand elle existe) pour lui permettre de mieux appréhender les résultats et les interpréter correctement. Cette littérature peut inclure des analyses statistiques parfois complexes.
Actuellement, cette littérature n’est pas accessible ?
Jonathan Burnay : Les articles scientifiques sont en anglais. Leur format est peu digeste et parfois peu compréhensible pour des praticiens. Sans compter le fait qu’ils sont écrits avec un jargon propre aux chercheurs. Le chercheur oublie bien trop souvent qu’un des lecteurs sera l’utilisateur. Avec ce projet, notre volonté est d’améliorer les pratiques cliniques en permettant aux cliniciens d’identifier facilement les instruments de mesure fiables en psychologie et logopédie ; mais également en améliorant l’utilisation et l’interprétation de ces outils. Pour ce faire, ils disposeront d’une plateforme unique, une sorte de compendium en ligne, avec des fiches ‘outil’ qui reprennent les informations pertinentes et aisément utilisables.
Donc, aujourd’hui, vous collectez la littérature spécifique pour en extraire les informations utiles…
J.B : Ce travail représente à peu près 60% de mon temps. Je recherche les études les plus pertinentes et je classe les informations dans une base de référencement.
S.W. : Le rôle de Jonathan est vraiment de lire et de transcrire de façon compréhensible tous ces éléments de recherche. Il s’agit en quelque sorte d’un nouveau métier : celui de traducteur de savoir.
La plateforme est une sorte de porte d’entrée vers la littérature scientifique en psychologie et logopédie…
J.B. : Oui, mais pas seulement. Outre la présentation des fiches, s’y trouveront également des analyses statistiques et des aides à l’interprétation de résultats. Les psychologues ou logopèdes ne sont généralement pas des statisticiens. Quand bien même ils accèdent aux chiffres d’une étude, cela ne les informe pas nécessairement sur la validité des résultats. Nous allons déterminer des critères de qualité pour pouvoir évaluer les scores et donner ainsi une information utilisable. L’idée est de parvenir à un arbre décisionnel pour les guider dans leurs diagnostics.
S.W. : Cette approche interprétative se veut résolument ouverte, transparente, voire controversable. Si l’auteur d’une étude ou d’un article marque un désaccord par rapport au classement établi avec nos critères de qualité, il sera invité à se mettre en contact avec nous pour en discuter. Notre volonté est de garder cette interprétation au service de la compréhension des outils pour les cliniciens, pas d’établir une sorte de « guide Michelin du test clinique ».
J.B. : Sans compter le fait qu’il n’existe pas de consensus clair pour établir ce qu’est un bon ou un mauvais score. Cette transparence est dont d’autant plus nécessaire.
Comment le projet TOAST a-t-il été monté ?
S.W. : Les cliniciens le réclamaient depuis un certain nombre d’années. Cette démarche est née véritablement de cette demande. Nous avons commencé à réfléchir plus concrètement en 2016. Grâce à l’aide de la Région Wallonne dans le cadre du programme First Spin-off, le projet a pu démarrer l’année dernière, en 2019, avec l’engagement d’un chercheur.
J.B. : Aujourd’hui, outre la recherche et la ‘traduction des savoirs’, je travaille également à l’utilisation de la plateforme avec un angle de vue plus marketing. Pour cet aspect, je suis accompagné par le VentureLab[1] à Liège, ce qui me permet de bénéficier des compétences de leur réseau pour affiner le projet.
Quel est l’agenda prévu pour le lancement de la plateforme ?
J.B. : Notre objectif est de proposer une version bêta pour la fin de l’année. En fonction des retours de nos utilisateurs tests, nous espérons une sortie officielle pour mi-2021.
S.W. : Cette plateforme s’adressera à l’entièreté de la francophonie. Après son lancement, nous continuerons d’y ajouter des articles ou des revues, en restant en contact avec les universités et les chercheurs désireux de s’impliquer.
[1] http://www.venturelab.be/
Une décision aura plus de chance d’être efficace si elle dispose d’une large adhésion. Or la position autocratique d’une minorité pour une question qui concerne la majorité, a peu de chance d’être adoptée facilement. A l’inverse, quand la décision est prise à la majorité, de façon plus démocratique, elle ne sera pas pour autant forcément acceptée par des groupes minoritaires. En même temps, il serait aussi illusoire d’attendre, avant de prendre une décision, que tout le monde soit d’accord…
Un changement de paradigme
La prise de décision par consentement se différencie de la prise de décision par consensus : en consensus tout le monde dit « oui », en consentement, personne ne dit « non ». Un groupe qui s’engage à ce type de démarche est conscient qu’il n’existe pas de « solution parfaite » et accepte de travailler sur base d’une proposition apportée par l’un des membres, de façon à l’améliorer collectivement jusqu’à ce que tout le monde puisse y trouver son compte. En consentement, aucune décision ne sera prise si l’un des membres y oppose une objection raisonnable. Cette règle permet d’explorer les limites et les tolérances de ceux et celles qu’elle risque d’affecter.
Le WeLL a ainsi souhaité vous proposer différentes fiches pour utiliser cet outil. Vous trouverez dans cet article une présentation succincte de cette méthode. Les fiches sont à télécharger en bas de page.
Une méthode par étape
Ce processus de décision ne recherche pas le consensus (ce sur quoi tout le monde est d’accord) mais le consentement (ce sur quoi personne n’a d’objection majeure). Il n’est pas indispensable d’être totalement d’accord avec la proposition pour donner son consentement. Il suffit que les objections argumentées soient levées. Le consentement n’est pas non plus un droit de veto, mais un droit d’objecter et d’argumenter son objection. Ainsi, chacun a un pouvoir d’influence équivalent sur la décision à prendre. C’est en fait une façon très concrète d’utiliser les différents besoins et opinions pour atteindre un objectif commun.
Pour parvenir à obtenir ce consentement de tous, la proposition va faire l’objet de neuf étapes de travail.
(1) Exposé de la proposition > (2) Tour de clarification > (3) centrage > (4) tour de réactions > (5) retour sur la proposition > (6) Centrage > (7) Tour d’objections > (8) Recueil du consentement > (9) Célébration
À travers ces étapes, chacun va être amené à se questionner sur ce qui constitue des sources de satisfaction et/ou d’insatisfaction dans la proposition émise. Puis des échanges ont lieu, le tout guidé par des valeurs définies au préalable, à savoir, la bienveillance, la confiance dans le collectif, le ‘zéro jugement’, l’écoute profonde et le respect.
À chacun son rôle
La méthode démarre par une proposition, à savoir le résultat d’un travail d’un groupe et d’une prise de décision. Cette proposition sera déposée par un proposeur qui sera le porte-parole du groupe de travail et qui interagira en son nom.
Pour gérer les échanges et les étapes, un facilitateur sera désigné. Idéalement, il s’agit d’une personne capable de rester neutre par rapport à la proposition. Il sera accompagné par un secrétaire qui assurera un relevé des décisions et de la matière qui ont émergé de la séance. Durant les prises de décisions, il secondera le facilitateur en notant les propositions, amendements, objections et bonifications. Il est également celui qui remplace le facilitateur lorsque ce dernier est impliqué directement dans une phase du processus.
Pendant les séances de travail, le facilitateur donne la parole aux participants en faisant des tours. Les participants peuvent « passer » s’ils n’ont rien à dire, mais ces tours doivent permettre de donner à tout le monde la possibilité de parler. Il est dès lors préférable d’être disposé en cercle pour que tout le monde puisse se voir.
A noter encore l’importance de la circulation de la parole. Le facilitateur peut, selon les étapes du processus ou les circonstances, proposer différentes façons de la distribuer.
Une approche basée sur l’intelligence collective
La prise de décision par consentement invite à écouter attentivement ce qui émerge du groupe au-delà de l’expression de chacun de ses membres. Cela implique : accepter les points de vue différents comme utiles et complémentaires, argumenter, ne pas juger, oser dire sa vérité, autant d’éléments propres à la coopération.
Cette méthode implique également d’accepter de « perdre du temps maintenant pour en gagner plus tard », car l’expérience montre que ce dispositif demande du temps pour être mis en œuvre. Elle a également l’avantage d’entraîner une équipe à communiquer autrement, de manière bienveillante, à s’impliquer plus activement, adopter un point de vue collectif et développer la confiance.
L’objectif est donc bien de développer la co-responsabilisation des acteurs et d’utiliser le pouvoir de l’intelligence collective dans l’acte de prendre une décision qui a des conséquences sur l’ensemble de l’équipe.
Vous voulez visualiser comment se déroule une séance ? Voici une vidéo !
https://youtu.be/VZy9Qrh4xuI
La prise de décision par consentement dans la pratique Living Lab
La prise de décision par consentement peut s’appliquer à de multiples situations : l’émergence de la raison d’être, de la vision, des missions et des valeurs d’une organisation ; l’engagement d’un nouveau collaborateur ; la réflexion d’une stratégie…et globalement n’importe quelle proposition de solution qui doit faire l’objet d’une décision collective, qui plus est si l’adhésion des membres du groupe est un enjeu.
Une attention particulière sera donnée aux premières étapes du processus : la définition du thème, l’écoute du centre et l’élaboration de la proposition. Autrement dit, de quoi parle-t-on ? Que cherche-t-on ? Quel est l’objectif ?
Dans la pratique Living Lab, la prise de décision par consentement est un outil précieux dans chacune des phases de la méthodologie Living Lab.
Exploration : la phase d’exploration va permettre d’identifier des besoins, des problématiques, dans un cadre donné. Il est courant d’identifier plusieurs voies à creuser. Laquelle choisir ? Avec un groupe, qui peut être un groupe projet ou un groupe d’utilisateurs, il est possible de travailler ensemble à une proposition de « besoins » qui sera traitée dans une phase de co-création. Le but peut alors être de déterminer la question motivante qui fera l’objet de la co-création, question centrée sur le besoin (et la manière de l’exprimer !) le plus prégnant ou pressant.
Co-création : en phase de co-création, il est toujours nécessaire de réaliser un moment de convergence. La prise de décision par consentement permettra au groupe d’identifier le livrable le mieux adapté pour passer à l’étape de prototypage et de test. Sur base d’une proposition qui peut être formulée par le facilitateur, en fonction de ce qui a émergé durant la séance de co-création, les participants peuvent affiner, bonifier, lever les objections et marquer leur consentement sur la poursuite du processus.
Test : Il est parfois compliqué de déterminer, durant le test d’un prototype, ce qui tient de la préférence ou de la nécessité d’usage. Pour autant qu’un test en groupe soit possible, une personne désignée que le « proposeur » (porteur de projet, co-animateur, etc.) peut générer, tout au long de la première partie de l’atelier de test, une proposition d’amélioration du prototype. Il choisira les caractéristiques qui lui semblent les plus appropriées, parfois de manière subjective, afin de dégager la proposition, base du processus de prise de décision. Au final, le consentement permettra de diminuer les éventuelles frustrations des participants, de dépasser la notion de préférence et de se centrer davantage sur l’usage.
Pour en savoir plus :
http://blog.kronos.fr/definition-gestion-par-consentement-outil-sociocratie-faciliter-intelligence-collective/
https://www.reseautransition.be/gestion-par-consentement/
http://www.iteco.be/revue-antipodes/intelligence-collective/article/outils-d-intelligence-collective-la-decision-par-consentement
http://www.lagonette.org/wp-content/uploads/La-prise-de-d%C3%A9cision-par-consentement-v4.pdf
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