Officiellement, l’e-santé se définit comme étant les services du numérique au service du bien-être de la personne. Mais encore ?

Pour le grand public, l’e-santé évoque une santé « connectée », c’est-à-dire une nouvelle technologie ne permettant rien d’autre qu’un « tracking » des performances individuelles via des applications de smartphone. Dans cette définition, cette e-santé s’adresse principalement à un public en bonne santé qui, par le biais de diverses applications à la mode, va pouvoir mesurer ses performances athlétiques, réaliser son suivi en matière grasse incorporée, et pourquoi pas, s’évertuer à arrêter de fumer !

L’e-santé regroupe cependant bien plus de challenges et de disciplines que les exemples cités ci-dessus. Actuellement, l’e-santé peut se définir comme suit :

L’usage combiné des technologies de l’information et de la communication (TIC) à des fins cliniques, éducationnelles et administratives, à la fois localement et à distance.

L’e-santé représente donc l’utilisation des TIC pour sans cesse augmenter le niveau de soin.  Dans ce cadre, le patient et le professionnel de santé doivent avoir accès à une information correcte et validée. Les nombreuses initiatives en e-santé y contribuent en permettant, entre autres, au patient de devenir copilote de sa propre santé.

Dans la revue scientifique « Journal of Medical Internet  Research », le professeur allemand Gunther Eysenbach décrit l’e-santé comme suit :

L’e-Santé est un domaine émergent à l’intersection de l’informatique médicale, de la santé publique et du monde des entreprises. Elle fait référence à des services et informations en matière de santé qui sont fournis ou améliorés grâce à Internet et aux technologies apparentées. Au sens large, le terme renvoie non seulement à l’évolution technologique, mais aussi à une mentalité, un mode de pensée, une attitude et un engagement à la réflexion globale en réseau, afin d’améliorer les soins de santé aux niveaux local, régional et mondial en utilisant les technologies de l’information et de la communication.

Il s’agit donc d’un concept dynamique, qui évolue au fil des évolutions technologiques et du changement des mentalités. Afin d’y voir plus clair, nous vous proposons d’en déterminer les frontières actuelles, en faisant l’inventaire des disciplines et concepts qui s’en réclament.

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L’univers de l’e-santé

Quels sont les différents domaines de l’e-santé ?

Le domaine de l’e-santé au sens organisé par les pouvoirs public (SPF santé, l’INAMI, etc.) correspond aux systèmes d’information de santé (SIS) ou hospitaliers (SIH). De nombreuses mesures ont déjà été mises en place, visant l’échange électronique de données médicales entre prestataires de soins. Cette partie invisible du grand public a pour but d’accroître la qualité de prise en charge du patient par différents leviers :

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⦁ InterMed en Wallonie qui autorise l’échange d’informations entre institutions et médecins-traitants permettant un lien direct entre la première ligne des soins de santé que sont les médecins de famille et la seconde ligne de soins que sont les spécialistes.

⦁ Le DMI, Dossier Médical Informatisé, que chaque médecin généraliste a la possibilité de gérer pour l’ensemble de sa patientèle et qui est publié sur InterMed afin de faciliter le suivi des dossiers médicaux.

⦁ La prescription électronique qui a commencé en janvier 2017, et qui facilite l’échange entre le médecin prescripteur et le pharmacien. Celui-ci peut dès lors se consacrer à son art sans être un spécialiste en cryptologie.

⦁ MycareNet qui est une plateforme centrale orientée service – au profit des dispensateurs de soins individuels et des institutions – par laquelle des informations actualisées en continu peuvent être échangées avec les mutualités, d’une manière simple, fiable et sécurisée.

Et la télé-santé alors ?

Le domaine de la télé-santé englobe la télémédecine et la m-santé.

Le domaine de la télémédecine met en œuvre tous les moyens de télécommunication numériques permettant un acte médical à distance par un professionnel de santé, que ce soit un médecin, une infirmière ou par la prescription de l’utilisation d’un dispositif médical, certifié, à un patient qui rendra compte à son médecin. La télémédecine comprend les catégories suivantes :

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⦁ La téléconsultation offre la possibilité à un patient d’accéder directement à distance à une consultation médicale (par exemple, la cabine médicale mobile qui permet de réaliser des consultations avec un généraliste dans les « déserts » médicaux ruraux).

⦁ La télé-expertise permet à un professionnel de santé d’obtenir un avis d’un confrère sur le cas d’un patient (par exemple, un généraliste isolé en milieu rural qui doit intervenir en urgence sur un cas inédit).

⦁ La télésurveillance et le télémonitoring a pour objet de permettre à un professionnel de santé d’interpréter à distance les données nécessaires au suivi médical d’un patient et, le cas échéant, de prendre des décisions relatives à la prise en charge de ce patient. Dans ce cadre, l’enregistrement et la transmission des données se fait par un dispositif médical certifié.

⦁ La téléassistance ou la télé-coopération médicale permet à un professionnel de santé d’assister à distance un autre médecin ou professionnel de santé au cours de la réalisation d’un acte médical (par exemple, la téléassistance chirurgicale, ou télé-chirurgie, permettant à un chirurgien d’opérer à distance grâce à un robot).

⦁ La téléformation permet de présenter un cas « rare » à un grand nombre de confrères et d’étudiants, mais aussi de partager le quotidien du médecin avec le  grand public (par exemple, le festival ImagéSanté de Liège qui rediffuse des opérations chirurgicales en direct).

Le domaine de la m-santé (pour mobile-santé) reprend tous les services de la santé et du bien-être via un appareil mobile, de type smartphone ou tablette, connecté à un réseau. La m-santé est donc l’e-santé accessible à partir d’un appareil mobile. Il y a, bien sûr, un recoupement important entre les applications de télémédecine et de m-santé. A la différence de la télémédecine, la m-santé n’implique pas toujours des dispositifs certifiés ni un professionnel de santé lors de son utilisation. Les principaux domaines d’applications de la m-santé appartiennent actuellement aux catégories suivantes :

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 L’éducation et la sensibilisation comprend des guides de sensibilisation et de prévention à diverses pathologies, des guides de soins de premiers secours, des applications de bien-être, de suivi de grossesse, des jeux intelligents, des accès à des communautés de patients, …

 La téléassistance reprend, par exemple, des applications de géolocalisation pour le suivi de personnes à risque, de « bouton-poussoir » pour personnes âgées qui ont chuté et ont besoin d’une assistance, des aides aux premiers secours, …

⦁ Le télémonitoring permet, entre autres, le suivi de maladies chroniques grâce à une collecte de données à distance et souvent, l’utilisation complémentaire d’objets connectés comme des tensiomètres, des pèse-personnes, …

⦁ La communication et la formation pour les professionnels de santé contient des fiches pratiques, des applications de mise en relation avec d’autres experts, …

⦁ La téléconsultation reprend des applications permettant de réaliser une consultation avec un médecin au travers d’un smartphone.

 

Le domaine du « quantified self » (l’auto-mesure) peut intervenir dans la e/télé/m-santé, mais il sort aussi également largement de ce cadre avec une finalité très souvent ludique et/ou sportive. On retrouve dans ce domaine des dispositifs comme des bracelet mesurant l’activité physique, des casques mesurant l’activité cérébrale pour favoriser la relaxation, etc.

Que faut-il retenir de l’e-santé ?

En conclusion, s’il y a une chose à retenir de l’e-santé, c’est qu’il s’agit d’un concept dynamique qui évolue avec son temps et les technologies disponibles, et que les frontières des différents domaines décrits vont naturellement s’estomper.

C’est dans ce cadre relativement large de l’e-santé que s’inscrit la mission du WeLL : être un acteur de première ligne dans le développement et l’appropriation, par les professionnels de santé et le grand public, des technologies de l’e-santé. En effet, celle-ci apparaît de plus en plus comme une solution complémentaire et incontournable de soutien aux services de santé actuels qui sont confrontés aujourd’hui à plusieurs défis majeurs comme le vieillissement de la population, l’accès universel à une prise en charge de qualité, l’accroissement significatif des dépenses de la santé, l’explosion des maladies chroniques, …