Comment permettre aux personnes âgées qui le souhaitent de bien vieillir dans leur environnement familier ?

L’enjeu est de taille dans notre société vieillissante sous la double contrainte des limites des ressources financières publiques et privées ainsi que de la croissance des besoins quantitatifs (vieillissement de la population) et qualitatifs (logements adaptés, maîtrise du numérique …). Il rend incontournable une cartographie fine des besoins pour une part encore non satisfaits, nouveaux ou encore prévisibles. Il s’agit ensuite de rechercher des solutions à la fois innovantes et appropriables par les acteurs concernés (personnes âgées, aidants proches, réseaux informels – famille, voisins, … – et professionnels), moyennant la prise en compte des obstacles que ces acteurs identifient sur base de leurs expériences, de leurs pratiques.

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Ces trois étapes (cartographie fine des besoins, recherche de solutions innovantes, prise en compte des obstacles) correspondent au découpage de la journée d’inspiration et d’apprentissage organisée sous l’égide de la Fondation Roi Baudouin. Elle a réuni 120 participants appartenant aux différentes catégories d’acteurs concernés.  Répartis en sous-groupes, ils ont recherché des solutions novatrices, notamment sous formes de nouveaux modes collaboratifs privilégiant une approche doublement “bottom up” :

  • Du point de vue de ceux qui identifient les besoins et esquissent les solutions, à savoir les “stakeholders” (empowerment).
  • Du point de vue territorial : l’action publique est initiée et menée à partir du quartier, du territoire communal (proximité), la responsabilité politique étant prioritairement assumée par le niveau communal.

 

Les discussions dans les sous-groupes ont fait émerger beaucoup d’informations, et d’idées détaillées. A titre illustratif, certains besoins anciens, à l’évidence insatisfaits tels que la mobilité sous forme de “petits déplacements” (visite chez le spécialiste), la lutte contre l’isolement social, des petits “coups de main” à la maison appellent de nouvelles formes de collaboration face à la sursollicitation des aidants proches. La demande de logements plus adaptés à la cohabitation se heurte au même titre que les nouvelles formes de collaboration (statut juridique des aidants) à l’inadéquation du système de sécurité sociale et de la loi fiscale (maintien des droits sociaux individuels dans l’hypothèse d’un habitat partagé). Un espace public à la fois proche et convivial relève quant à lui de la stratégie politique locale. Le quartier comme lieu de vie sociale s’effrite, remplacé notamment par les réseaux sociaux faisant émerger un besoin nouveau d’appropriation du numérique. Une demande existe en matière de coordination locale de l’aide et des soins, impliquant un “travailler ensemble” des acteurs concernés, une organisation flexible (aide et soins sur mesure) difficilement compatible avec des institutions hiérarchisées, une approche interdisciplinaire synonyme d’ouverture des institutions.

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La richesse des débats témoigne de l’importance du chantier à venir. Il s’agit en effet de substituer au modèle ancien datant de l’après-guerre (l’offre régit la demande) un modèle d’aide et de soins inversé, ancré dans le local et favorable aux nouvelles formes de collaboration pour permettre aux aînés de prendre en charge la planification de leur futur et de changer l’image aliénante d’une vieillesse aliénée.

Retrouvez les détails de cette journée organisée par la Fondation Roi Baudouin ici. https://www.kbs-frb.be/fr/Activities/Events/2016/20160902PP