D’ici 2050, 16% de la population mondiale aura plus de 65 ans. Comment agencer les logements et les espaces communs pour y vivre le plus longtemps possible et de façon agréable ? Éléments de réponse avec Gwendoline Schaff qui consacre une thèse à ce sujet.

Doctorante FNRS à la faculté d’architecture à l’Université de Liège, en co-tutelle avec l’Université de Hasselt, Gwendoline Schaff a choisi de travailler sur la thématique du ‘bien vieillir chez soi’ pour diverses raisons.

« Le monde a changé. Que ce soit au niveau de la population mondiale qui connaît un vieillissement démographique de plus en plus important, ou que ce soit au niveau des personnes elles-mêmes : les ‘personnes âgées’ d’hier ne sont pas les ‘personnes âgées’ d’aujourd’hui. Les progrès au niveau des soins de santé, des différents supports aux personnes, du confort de vie, de la mobilité etc., ont un impact significatif sur notre évolution et nos modes de vie. Il me paraissait dès lors essentiel de réfléchir aux différentes manières d’habiter pour répondre à ce challenge. »

 

Contact : g.schaff@uliege.be

 

Des conditions de vie confortables

L’emménagement en maison de retraite est souvent vécu difficilement. Les personnes vieillissantes tendent aujourd’hui à vouloir rester chez elles. Encore faut-il que ce soit possible et que les conditions de vie restent confortables au fil de la perte d’autonomie. « Plusieurs dimensions doivent être prises en compte, que ce soit au niveau de l’habitat lui-même, mais aussi de l’environnement. » Et la doctorante d’expliquer qu’un logement parfaitement adapté peut dans certains cas être également vécu comme une prison si, une fois dehors, rien n’est aménagé pour permettre une mobilité en toute autonomie. « C’est là que le rôle des villes et communes inscrites dans une démarche ‘Smart’ (cfr article La ‘Smart City’, un concept à apprivoiser ?) peut se révéler utile… »

 

 

Au niveau de l’habitat, il est important de comprendre que le ‘chez-soi’ ne se réfère pas uniquement à un lieu précis, comme la maison familiale dans laquelle la personne a vécu toute sa vie, mais à un ressenti. Cela ouvre différentes pistes à explorer. Différentes dimensions doivent être prises en compte : le niveau fonctionnel, l’accessibilité, les relations sociales, la santé, etc.

 

En ce qui concerne la fonctionnalité des lieux, c’est évidemment la perte de mobilité qui est visée. « Parfois quelques éléments suffisent : éviter les revêtements glissants, installer un siège dans la douche ou une barre dans les toilettes pour aider à se relever. » Les règles PMR (Personnes à mobilités réduites) peuvent être utilisées comme guide. Mais au-delà du fonctionnel, il ne faut pas tomber non plus dans des lieux ‘cliniques’. « Ces éléments sont à intégrer de façon à maintenir le sentiment d’être chez soi et non dans un milieu médicalisé. Par ailleurs, il ne faut pas avoir peur d’anticiper. Si les modifications arrivent après un événement déclencheur, elles risquent d’être réalisées dans la précipitation, d’être mal vécues par l’occupant ou d’être inefficaces. Ces solutions sont souvent plus opportunes et mieux accueillies quand elles sont réfléchies et conçues avant de devenir une contrainte. »

 

Même démarche en ce qui concerne les relations sociales. Le projet doit être pensé en fonction des besoins propres à chaque individu et toutes les formes de solutions sont envisageables : un logement individuel avec des facilités d’accès ; des aménagements individuels avec des espaces communs (jardin, cuisine, etc.) ; la cohabitation ; le maintien de la maison familiale, mais transformé pour garder le rez-de-chaussée et louer les étages (il existe aujourd’hui des contrats de location qui incluent des échanges de services comme aider à faire les courses, entretenir le jardin ou tenir compagnie) ; un déménagement vers la ville ; etc.

 

La vieillesse, ce nouveau projet de vie

La question du vieillissement est devenue une étape à part entière dans l’existence de chaque individu. Il n’en reste pas moins que celle-ci est vécue de façon totalement différente chez les uns ou chez les autres. Gwendoline Schaff insiste et signe : la vieillesse est un projet qui peut devenir porteur pour les individus quand ils choisissent de le prendre comme tel. Les personnes âgées peuvent ainsi renouveler, renégocier et même réinviter leurs attachements à leur habitat et à leur environnement.

 

De plus en plus d’outils ou de solutions qui tiennent compte de cette évolution et de la diversité des formes du vieillir sont disponibles pour les accompagner, ce que soit à travers des projets de ‘smart city’ ou des organismes d’accompagnement individuel.

 

 

Pour en savoir plus :

Gwendoline Schaff a débuté cette année une recherche doctorale à l’Université de Liège. Celle-ci se réalise en collaboration avec Fabienne Courtejoie (Faculté d’Architecture – ULiège), Catherine Elsen (Faculté des Sciences Appliquées – ULiège), Ann Petermans & Jan Vanrie (Faculté d’Architecture et des Arts – UHasselt).

Le projet envisage les possibilités d’ajustement de l’habitat les plus propices au bien vieillir à domicile, tout en portant une attention particulière à l’association des dimensions fonctionnelles et des dimensions affectives de l’habitat.

Les résultats pourront ensuite, in fine, être communiqués aux politiques, urbanistes, promoteurs, services d’aides à l’accessibilité, ou tout autre service lié à la question du vieillissement à domicile en Wallonie.

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