La gestion du processus d’innovation dans un Living Lab est un art. Alors que le WeLL (Wallonia e-health Living Lab) vient à peine d’être inauguré, il suscite aussi des premiers questionnements, légitimes, sur la place de l’humain dans la médecine de demain. Permettre la réappropriation collective du débat sur le développement de nouvelles technologies par les patients dans le domaine de la santé rend cet art délicat, tout autant que l’art de guérir d’ailleurs.

Par Claude Lepère, iCube, pour le WeLL

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Processus d’innovation du Wallonia e-health Living Lab

Dans le contexte actuel, on observe le vieillissement de la population, un nombre croissant de personnes atteintes de maladies chroniques et malgré tout, des restrictions budgétaires importantes. Si nous prenons le cas des maladies chroniques, il serait nécessaire de les dépister à un stade précoce, par exemple via l’autoévaluation et le télédiagnostic apportés par la santé digitale. En mettant l’accent sur la prévention, la qualité de vie des personnes est améliorée, notamment en veillant à mieux planifier les interventions. En avril 2014, la Commission européenne a rédigé un livre vert sur la santé mobile, dans lequel elle souligne le potentiel de l’e-santé en termes commercial et d’évolution des soins de santé[1].

En juillet 2013, la Commission européenne a lancé un appel à stratégies sur le vieillissement actif[2]. L’une des priorités clés est d’impliquer les personnes âgées dans tous les processus politiques et de recherche qui les concernent. Dès lors de nombreux projets sont développés, en collaboration avec les personnes âgées (en fonction de leurs opinions, de leurs attentes) et centrés sur un besoin essentiel : leur autonomie. Des exemples concrets existent : le robot domestique « Care-O-bot » ou le projet « Care@Home » et bien d’autres, tous visent l’amélioration de la qualité de vie des personnes âgées couplée à une autonomie prolongée, grâce à l’utilisation des nouvelles technologies. Pour que le bien-être chez soi soit toujours garanti !

Pour innover dans le domaine des soins de santé, il est fondamental de placer le patient au centre du processus d’innovation et de collaborer avec lui (tandis qu’actuellement, la médecine le cantonne souvent dans un rôle passif).

Plutôt que de laisser uniquement la main aux acteurs économiques du secteur e-Santé, le Living Lab permet à l’usager (le patient, le senior ou le professionnel de la santé) de participer de manière équilibrée au partage de connaissances. Pour les bénéficiaires de soins de santé, cet échange s’opère avec les autres parties prenantes telles que les experts, les académiques et les institutions publiques…

On parlera de co-création, de co-développement. La stratégie sera orientée en fonction des besoins des usagers, raison pour laquelle on parle également d’approche “bottom-up”.

Point de vue du modèle gouvernance, la pérennité du WeLL sera mesurée à l’aune des métriques suivantes[3].

metriques

Au-delà des constats, des concepts et des méthodologies, le Living Lab sera aussi progressivement incarné par les projets. Pour susciter l’émergence d’idées nouvelles, les organisateurs ont dès le début souhaité donner la parole aux participants lors de la journée inaugurale du WeLL.

Dans le cadre des ateliers créatifs proposés à l’occasion de cette inauguration, voici les premières thématiques exploratoires qui ont été abordées : L’hôpital du futur – Des robots et des hommes – Le patient connecté – Ma santé au bout du smartphone – La route de l’immortalité. Nous reprenons ci-dessous 3 chiffres révélateurs de l’état d’esprit d’une vingtaine de participants de l’atelier sur l’immortalité.

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Atelier créatif « La route de l’immortalité » – WeLL 11/02/2015 – @Phisab
  • L’âge médian réel des participants était de 38 ans
  • L’âge médian que les participants souhaiteraient conserver éternellement est de 30 ans
  • L’âge médian jusqu’auquel les personnes souhaiteraient vivre est de 122 ans

Ce petit sondage permet de relativiser l’état d’esprit des participants qui s’engagent dans ce type d’exercice. La diversité des profils réunis permet d’avoir un véritable débat démocratique et permet aussi de faire émerger des idées pragmatiques et éthiques. C’est bien un des objectifs poursuivis par le WeLL. C’est-à-dire amener les participants, sans parti pris, à adopter une posture créative permettant de réfléchir ensemble aux innovations dans le domaine de la santé. En bref, avoir des idées saines dans un lieu sain !

[1] LIVRE VERT sur la santé mobile {SWD(2014) 135 final}, par la Commission européenne, Bruxelles le 10.04.2014, COM(2014) 219 final, p.14

[2] Rapport AGE Platform Europe – http://www.age-platform.eu/images/stories/EN/CoverAGE/EN/RapportAGE_mai2014.pdf

[3] P. Dubé et al. Le Livre Blanc des Livings Labs, p99.

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