Ne dit-on pas que la créativité, ça peut aussi être d’arriver à faire mieux avec moins ? Au cours de cette brève, nous aimerions vous faire partager un concept d’innovation un peu différent : l’innovation frugale ou jugaad, qui vient de l’hindi et que l’on pourrait traduire par « débrouillardise » ou « détournement ».

L’idée est de parvenir à résoudre des problèmes complexes avec des moyens limités, en empruntant beaucoup à ce que nous avons coutume d’appeler le système D. Dans cet état d’esprit, il n’est plus étonnant de concevoir qu’un fer à repasser puisse aussi devenir chauffage ou bouilloire électrique.

Dans les exemples de réussite marquants, citons ce potier indien qui est parvenu à créer un frigo en argile fonctionnant sans électricité, uniquement grâce à de l’eau circulant dans ses parois. Ou encore le cas de la société africaine M-KOPA qui a développé un système de panneaux solaires personnels qu’ils arrivent à vendre pour $35, suivis de paiements journaliers de quelques centimes via la téléphonie mobile.

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En fait, il s’agit d’un retournement du modèle d’innovation que nous connaissons le mieux, où il est toujours question d’investissements de plus en plus conséquents, dans la recherche et le développement de solutions toujours plus compliquées techniquement. Tout l’art de cette méthode réside dans la capacité de certains:

  • à trouver des opportunités dans les circonstances les plus difficiles ;
  • à parvenir à improviser des solutions innovantes avec des moyens généralement limités.

Ces solutions sont rarement sophistiquées ou parfaites mais permettent de créer de la valeur avec des coûts relativement réduits. Cette façon d’innover prend tout son sens dans les pays en développement qui ont souvent moins facilement accès aux ressources dont nous disposons. Cependant, elle peut également être envisagée dans nos sociétés occidentales.

Notons d’ailleurs que plusieurs grands groupes ont déjà entrepris un travail de fond en essayant d’intégrer cette vision de l’innovation au sein de leurs méthodes. Carlos Ghosn, président directeur général du groupe Renault a ainsi déclaré : “Nous voulons créer des synergies entre l’état d’esprit Jugaad des ingénieurs indiens, la compétence en gestion de projet de nos équipes françaises et l’expertise en technologie avancée de nos équipes R&D japonaises”. Pour ce faire, ils envoient régulièrement leurs ingénieurs à potentiel s’inspirer de cet état d’esprit en Inde.

Bref, l’idée développée au cours de cet article n’est pas de défendre la fermeture intégrale de tous nos centres de recherche, mais plutôt d’accepter d’inclure, de temps à autre, un peu de frugalité dans cette quête sans fin qu’est l’innovation car, après tout, n’est-ce pas l’ingéniosité humaine qui en est le moteur ?

Pour plus d’informations, n’hésitez pas à regarder cette vidéo TED passionnante (en anglais) de Navi Radjou.

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